Une récente publication dans Blood Purification explore le potentiel de l’échographie Doppler veineuse (VExUS) comme outil pratique pour guider l’ultrafiltration chez les patients sous hémodialyse. L’étude, menée par Abhilash Koratala (Medical College of Wisconsin, US) , Claudio Ronco (University of Padova, Italy) et Amir Kazory (University of Florida, US), offre des perspectives essentielles aux néphrologues à la recherche de méthodes objectives pour la gestion du volume.
Les recherches mettent en évidence la corrélation entre le volume d’ultrafiltration et les variations du diamètre de la veine cave inférieure (IVC), tout en soulignant la complexité de l’utilisation des marqueurs sonographiques pour l’évaluation du volume. Les auteurs insistent sur les limites des paramètres Doppler traditionnels et sur la nécessité d’une formation approfondie en échographie au point d’intervention (POCUS) afin d’assurer une application clinique précise.
Comparaison de la fraction de pulsatilité de la veine porte chez le même patient sur différents sites de prélèvement Doppler. Crédits : Abhilash Koratala et al., 2024
L’évaluation de la congestion veineuse nécessite une approche intégrée
L’étude souligne également que l’évaluation de la congestion veineuse par échographie nécessite l’intégration d’une échocardiographie et d’un électrocardiogramme (ECG) pour une interprétation précise. Une formation adéquate de l’opérateur est essentielle pour garantir que les résultats favorables observés en recherche puissent être efficacement appliqués en pratique clinique.
Contrairement à l’évaluation de l’efficacité d’un médicament, où le rôle du clinicien se limite en grande partie à la prescription, l’utilisation du POCUS requiert un haut niveau d’expertise en acquisition d’images, interprétation et intégration clinique des données obtenues. Un manque de connaissances peut entraîner des erreurs de diagnostic et des décisions cliniques inappropriées, avec des conséquences potentielles pour les patients.
L’importance d’une formation spécialisée en POCUS pour les néphrologues
L’absence de formation adéquate dans ce domaine peut également compromettre la qualité des études menées, limitant ainsi leur utilité. Si l’intervention d’échographistes experts peut aider à garantir une imagerie de qualité, la responsabilité ultime incombe au néphrologue d’interpréter et d’intégrer ces données dans un contexte clinique spécifique à la néphrologie. Il est donc impératif que les sociétés professionnelles de néphrologie accordent la priorité à la formation en POCUS et établissent des recommandations claires sur les compétences requises.
Les patients atteints d’insuffisance rénale terminale font face à des risques cardiovasculaires majeurs et peuvent grandement bénéficier d’une approche optimisée du POCUS pour améliorer leur état hémodynamique. Les futures recherches dans ce domaine devraient se concentrer sur les populations à haut risque et intégrer des évaluations multi-organes basées sur des protocoles standardisés, afin de garantir des conclusions cliniquement pertinentes et applicables.